26 déc 2013
Comme beaucoup de « Mecs »,
je n’ai jamais été un accro de coquetterie et mon apparence physique m’importait
peu, jusqu’au jour où j’ai commencé à avoir du mal à me reconnaître dans le
miroir.
Je vous entends d’ici,
« ce n’est pas grave, ça ne se voit presque pas… ». Ouai, c’est ça, essayez
de prendre ma place. Grossir de façon globale n’est déjà pas très agréable
quand on est habitué à son corps plutôt svelte. Ce n’est même pas un problème d’ego,
c’est un simple problème de ressenti de tous les jours. La découverte des embarras
qui viennent avec le poids.
Les essoufflements, la
transpiration pour le moindre effort et je ne vous parle pas des difficultés
pour vous habiller, à moins que vous aillez les moyens de renouveler votre penderie.
Mais le pire n’est
pas d’accepter ces « à côté », le pire c’est le visage. C’est votre
image que vous avez inconsciemment construit avec le temps qui vous file entre
les doigts. Le traitement hormonal et la chimio avaient eu raison de ma moustache,
maintenant la cortisone me déforme le visage.
Les déformations sont
d’autant plus traumatisantes qu’elles ne sont pas symétriques. C’est un fait,
personne n’a le visage parfaitement symétrique, tout le monde connaît le test
qui consiste à partir d’une photo de face, de couper l’image par son centre
vertical et de dupliquer chaque côté avec un effet miroir. Vous obtenez ainsi
un visage construit avec vos deux faces droites et un autre avec vos deux faces
gauches. Des jumeaux à n’en pas douter, mais des clones avec leurs différences.
Depuis mon
adolescence j’ai toujours été « maigre, je n’étais pas mince, j’étais
maigre. Avec l’âge j’avais pris un peu de poids et de muscle, ce qui me donnait
un aspect mince, j’avais atteint « la norme » mais le visage était
resté émacié. Vieux souvenir à mettre aux oubliettes.
Le soir de Noël, avec
un peu d’excès et une bonne dose de rigolade j’ai atteint un point de « boufitude »
qui a inquiété mes proches, lesquels généralement ne disent rien et là, d’un coup
me demandaient si ça allait, comme si mon aspect annonçait un proche syncope.
Je suis depuis 2 ans le centre de préoccupations de ma fratrie, mais ce soir-là,
en bout de table, ils ne risquaient pas de me perdre de vue, un peu comme le
phare de la pointe du Raz.
Malheureusement, ce
message n’a pas de chute, il faut simplement que j’accepte cette condition, mon
rôle de patient, accepter tout ce qui vient et ne rien dire. Les douleurs ne
sont pas toutes maitrisables, chacun prend ce qu’il peut sur sa personne pour
faire son chemin avec la maladie sans que ça tourne à l’obsession. Il y a des
étapes qui sont un peu plus dur que d’autres à franchir.
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