Conférence du Pr. Fizazi de Gustave Roussy

29 décembre 2015


Rencontre parrainage chercheurs 2015 : conférence du Pr Karim Fizazi from Gustave Roussy on Vimeo.

6 mois de torture pour presque rien

29 décembre 2015

2015 a été une vraie année de merde. Le cancer a emporté deux compagnons de douleurs dont un ami proche. La douleur est encore là. Pour ma part ça a été 6 mois de chimio pour à la fin du compte conserver un PSA bien trop haut pour crier victoire. Après un peu plus de 2 mois de pause thérapeutique suite à cette chimio, je viens de faire un nouveau test pour évaluer la réaction de ce voyageur clandestin. Le couperet est tombé aujourd’hui.

Visiblement je n’ai toujours pas les commandes du navire, le PSA a doublé et se situe aux alentours de 60. Ma prochaine visite chez l’onco va de nouveau être une programmation d’un traitement de plus. Comme pour le moment j’ai un peu fait le tour de leur pharmacie, je vais surement prendre de nouveau Xtandi qui semble aujourd’hui la solution la plus efficace pour stabiliser la progression du cancer suite à la chimio. Avec ce traitement ou un autre, c’est toute la cohorte des effets secondaires que je ne rate jamais qui va me ruiner mon quotidien. Je suis fatigué de ces traitements qui s’enchainent les uns derrière les autres sans jamais me donner de répits.

Ces derniers temps j’étais au mieux de ma forme physique ; j’ai même repris le bricolage intense en me lançant dans le gros œuvre pour améliorer le confort. Il faut croire qu’il y a une grosse marge entre le ressenti et la dure réalité de ce foutu cancer. La maladie est sournoise. Saloperie de cancer. Je vais continuer à lutter et à profiter de tous les instants.




Bonne année 2016 à tous, profitez de la vie, riez plus qu'il ne faut, que cette nouvelle année soit remplie de joies, de petits bonheurs éternels, pour vous et pour tous vos proches.

Hommage à toutes les infirmières du monde

21 décembre 2015

Ma femme fait une sieste. Dans une heure elle se réveillera, mettra sa blouse et sera prête pour aller travailler.
Les outils et les objets dont elle a besoin pour effectuer son travail seront vérifiés minutieusement, ses cheveux et son maquillage se fera rapidement. Elle va se plaindre qu'elle est affreuse. Je vais être en désaccord, avec insistance, et prendre avec elle une tasse de café.

Elle sera assise sur le canapé et va essayer de boire tout en jouant joyeusement avec notre fils.

Elle me parlera très peu; se raidissant en silence pour le changement à venir. Elle pense que je ne le remarque pas.

Elle va embrasser notre enfant, m’embrasser moi et partir pour aller prendre soin de gens qui vivent le pire jour de leur vie. Accidents de voiture, blessures par balles, explosions, brûlures et fractures – experts, pauvres, prêtres, toxicomanes ou prostituées- peu importe qui vous êtes et ce qui vous est arrivé. Elle prendra soin de vous.

Elle reviendra à la maison 14h plus tard et enlèvera ses chaussures qui ont marché sur du sang, de la bile, des larmes et le feu et les laissera dehors. Parfois elle ne voudra pas en parler. Parfois elle sera impatiente d’en parler. Parfois elle rira jusqu’à pleurer, et parfois elle ne fera que pleurer- mais indépendamment de cela, elle sera prête pour y retourner.

Ma femme est une infirmière. Ma femme est un héros.

Si Facebook est parfois rempli de commentaires de haine et de violence, il est aussi, et heureusement, un lieu virtuel propice aux déclarations d’amour et de gratitude. En témoigne ce post d’un Américain d’Alabama, Bobby Wesson, qui a publié une photo de son épouse infirmière endormie, accompagné d’un beau message d’amour et de soutien.

Septicémie, un mal qui persiste dans les hôpitaux.

18 décembre 2015

Ce message est la conséquence d’un trop vécu en si peu de temps. Début décembre, j’ai retrouvé mes amis pour un dernier adieu à l’un des nôtres (ref : mon dernier message). Jean-Claude est parti suite à une septicémie causée par trois éventrations consécutives, elles-mêmes provoquées par des séances de rayons un peu trop violentes. La chimio avait eu raison de son cancer mais les toubibs ont voulu jouer la sécurité et voilà le résultat.

Une correspondante du blog vient de me communiquer un message au sujet de son époux : « Il est mort parce que les hôpitaux sont surchargés et n'ont plus les moyens de soigner. Il n'y a plus de place pour les plus gravement atteints et dans les hôpitaux, on n'a plus le droit qu'à  30 secondes d'infirmière le matin et la même chose le soir  ... Il est mort car on l'a laissé se faire envahir par la septicémie ». Ils luttaient ensemble depuis 7 ans contre ce foutu cancer de la prostate.

Un patient touché par une septicémie reste en moyenne 10 jours de plus à l'hôpital et son traitement coûte bien plus cher qu’une hospitalisation de routine (la moyenne pour 5 jours d’hospitalisation, est l’équivalent d’un smic ou d’un jour de jeton de présence d’un député).
La septicémie apparaît suite à une primo-infection non ou mal soignée. Des bactéries se déchargent régulièrement dans le sang à partir d’un foyer infectieux, qui peut être au niveau dentaire, veineux, utérin, urinaire, cardiaque, pulmonaire…

Une personne atteinte d’un cancer qui a subi une chimio est en déficience immunitaire, le manque de prise en charge en cellule d’isolement peut amener à des situations irréversibles.  J’ai vécu cette situation de baisse immunitaire  grave, lors de cet événement, au cours d’un week-end un peu long, le service de garde a refusé de me prendre ne charge en cellule d’isolement en me conseillant de me cloitrer chez moi et de ne recevoir personne.

Les modes de vies et de consommations sur les dernières années avec les négligences sanitaires sur les pesticides et autres chimies vont augmenter le nombre des cancers d’une façon exponentielle. Dans le même temps nos décideurs par soucis d’économies vont continuer à diminuer les budgets en demandant encore plus au personnel médical. La privatisation d’une partie des hospitalisations ne va faire qu’accroitre la recherche de rentabilité.

C’est vous, malades et accompagnants qui pouvez faire bouger ces dinosaures de l’administration. A chaque visite, chaque soin, faites entendre votre désapprobation, échangez dans les salles d’attente avec d’autres malades et accompagnants sur ce problème.

Le droit à la santé comprend l’accès, en temps utile, à des soins de santé acceptables, d’une qualité satisfaisante et d’un coût abordable.

Il n’est pas mort de son cancer.

3 décembre 2015

Notre dernière rencontre s’est passée avec un échange visuel via Internet lors de mon escapade chez mes amis « Bretons ». Ce jour-là, j’ai découvert le visage de Jean-Claude cheveux grisonnants et clairsemés, peut-être 10 ans après l’avoir croisé à l’enterrement d’un être cher.

Nous avons discuté de nos cancers respectifs et plein d’optimisme avons décidé de nous revoir après nos thérapies.
Sa chimio passée, l’oncologue lui avait annoncé sa guérison, mais d’autres traitements ont eu raison de sa résistance et maintenant il ne reste que les souvenirs, les larmes, la douleur et la peur.

Nous avions en commun notre envie d’une société de partage et de tolérance, le blues et l’opéra, le plaisir des bonnes tables bien arrosées, les vacances et voyages que j’envisageai de réactiver après ces foutus traitements.

J’ai tant de souvenirs de rires et de joies avec lui au sein de notre groupe de joyeux drilles.

Alors voilà, il y a une étoile de plus dans mon ciel déjà si lumineux, la nuit n’est jamais complètement noire.

Demain, une dernière cérémonie tous ensemble pour Jean-Claude.

Cette saloperie de cancer qui gagne presque toujours à la fin...